Toutes les questions que vous vous posez sur le bilan carbone

Le bilan carbone est aujourd’hui devenu un outil essentiel.  Il permet aux organisations de comprendre leurs émissions, de les réduire efficacement et de répondre aux attentes de leurs parties prenantes.

Cet article a été conçu pour répondre aux interrogations que vous pourriez avoir sur le bilan carbone. De son utilité pour votre entreprise à la manière de le réaliser, j’aborde toutes les questions clés pour vous aider à mieux comprendre et intégrer cette démarche dans votre stratégie environnementale.

 

Qu’est-ce qu’un bilan carbone ?

 

Le bilan carbone d’une organisation est une photographie exhaustive de toutes les émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité de cette organisation durant une période bien déterminée.

Contrairement à ce que suggère son nom, le bilan carbone ne se limite pas au CO2. Il couvre également d’autres gaz à effet de serre définis par le protocole de Kyoto, comme le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) ou encore les gaz fluorés.

On ne trouve pas dans la définition d’un bilan carbone de notion de responsabilité.  Il ne s’agit donc pas d’établir un inventaire des émissions dont votre organisation serait responsable (notion qu’il serait d’ailleurs très difficile à définir et établir) mais bien un inventaire des émissions liées au fonctionnement de votre entreprise au cours de la période étudiée.

Le bilan carbone d’une organisation s’établit à posteriori, au terme de la période pour laquelle il est réalisé (très souvent un an).

Notons ici que cet article aborde le bilan carbone d’une organisation.  Il existe d’autres types de bilan carbone, s’appliquant à d’autres périmètres : le bilan carbone produit (on s’approche alors plutôt d’une analyse de cycle de vie monocritère), le bilan carbone d’un territoire, d’un projet, d’actions voire même de politiques mises en place.

 

Quelles entreprises doivent réaliser un bilan carbone ? Y a-t-il obligation à le faire ?

 

La directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui entre progressivement en vigueur depuis janvier 2024 va soumettre de plus en plus d’entreprises à une obligation de publication de leur impact environnemental incluant leur bilan carbone.  Cela concerne, en Europe, environ 50000 entreprises.

Néanmoins, au-delà de l’obligation réglementaire, votre entreprise pourrait bien être concernée indirectement par la CSRD.  Ce sera vraisemblablement le cas si elle se situe dans la chaîne de valeur des entreprises qui y sont formellement soumises.  Il est alors très probable que vous deviez fournir des informations sur vos émissions et donc réaliser votre propre bilan carbone.

 

Au-delà de la contrainte réglementaire, quels sont les intérêts à réaliser le bilan carbone de son organisation ?

 

Même si votre organisation n’est pas concernée par la réglementation et si elle n’est pas soumise à l’obligation de publier un bilan carbone, celui-ci reste un outil essentiel afin que votre entreprise puisse naviguer et subsister dans un monde devenu très changeant (on parle aujourd’hui d’un environnement VUCA pour Volatility, Uncertainty, Complexity and Ambiguity).

En effet, les faits scientifiques sont clairs, nous sommes face à un besoin collectif de réduire immédiatement et rapidement les émissions de gaz à effet de serre.  Le bilan carbone est l’outil qui vous permet d’opérer cette réduction de la manière la plus efficace dans votre entreprise.

En ça, le bilan carbone constitue un outil de gestion et d’aide à la décision.

Au-delà de vos propres réductions d’émissions, votre entreprise va devoir naviguer à travers un monde profondément affecté par le changement climatique et la transition de la société.  Le bilan carbone doit vous permettre d’identifier vos vulnérabilités, vos points de vigilance mais également vos atouts de manière à les intégrer à votre stratégie globale.

En ça, le bilan carbone constitue un outil stratégique.

Bien réalisé, de manière consciencieuse et complète, le bilan carbone constitue un audit très approfondi du fonctionnement d’une organisation sous tous ses aspects, de ses processus internes à sa logistique en passant par ses approvisionnements, ses marchés voire ses politiques RH.

En ça, il fournit des informations essentielles sur la durabilité de l’entreprise.

 

Y a-t-il des règles à respecter dans la réalisation d’un bilan carbone ?

 

Oui, le processus d’établissement d’un bilan carbone est très cadré.  Autrement dit, on ne met pas ce que l’on veut dans un bilan carbone.

Il existe ainsi plusieurs méthodologies qui peuvent être suivies. Coherence s’appuie sur le GHG Protocol, le standard international de référence pour la comptabilité carbone et sur la méthode Bilan Carbone ® développée par l’Ademe, Agence de la Transition Ecologique en France.

Ces deux méthodologies sont conformes aux standards ISO relatifs à la comptabilité carbone.

Les bilans carbone réalisé par Coherence répondent ainsi aux exigences internationales de reporting.

 

Qu’est-ce qui doit être inclus dans un bilan carbone ?

 

Les postes à inclure dans le bilan carbone de votre organisation vont dépendre des périmètres choisis.  Trois périmètres doivent ainsi être bien définis.

 

Quels sont les périmètres d’un bilan carbone ?

 

  • Le périmètre temporel, c’est-à-dire la période pour laquelle votre bilan sera établi.

Dans la très grande majorité des cas, un bilan carbone est établi pour une année calendrier, du 1er janvier au 31 décembre mais ce n’est pas la seule option (une université pourrait choisir une année académique, un théâtre une saison culturelle, …). Le bilan carbone devra inclure les émissions liées au fonctionnement de l’organisation au cours de cette période.

  • Le périmètre organisationnel. Celui-ci définit les entités et la part de ces entités à inclure dans le bilan carbone de votre organisation.

Dans le cas simple d’une entreprise se limitant à une seule entité ou d’une entreprise dont toutes les entités sont entièrement détenues et opérées par la maison-mère, le périmètre organisationnel est évident est reprend l’ensemble de l’entreprise.

Dans le cas de structures d’entreprise plus élaborées, deux approches sont possibles pour juger des entités et de la part de ces entités à intégrer dans le bilan carbone : l’approche « Part du Capital » et l’approche « Contrôle » qui, elle-même, peut être un contrôle financier ou un contrôle opérationnel.

Dans l’approche « Part du Capital », les émissions de chaque entité sont prises en compte à hauteur de la participation financière de l’entreprise dans cette entité.

Dans l’approche « Contrôle financier », toutes les émissions des entités contrôlées financièrement (part de capital > 50%) sont prises en compte.

Si l’approche « Contrôle opérationnel » est choisie, toutes les émissions des entités exploitées sont prises en compte.

Si la définition du périmètre organisationnel vous paraît compliqué, ne vous inquiétez pas.  Je suis là pour vous aider à clarifier ces différentes approches et à faire les choix les plus pertinents en fonction de la structure de votre organisation.

  • Enfin, le périmètre opérationnel reprend l’ensemble des postes d’émission à inclure dans le bilan. C’est ici qu’intervient la notion de scopes.

 

Scope 1, Scope 2, Scope 3 – De quoi parle-t-on exactement ?

 

Les scopes représentent les 3 grandes catégories de postes d’émissions définis par le standard GHG Protocol.  Ils constituent la structure-même du reporting du bilan carbone d’une organisation.

Homepage | GHG Protocol

 

Le Scope 1 reprend les émissions directes, c’est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre directement émises au sein de votre entreprise (pensez par exemple à votre chaudière) où via un équipement détenu par votre entreprise (pensez à vos véhicules).

Le Scope 2 reprend les émissions liées à l’utilisation d’électricité (ou d’autres formes d’énergie partagée telle qu’à travers un réseau de chaleur).  Il s’agit déjà ici d’émissions indirectes : si l’électricité est bien consommée au sein de l’organisation, les émissions qui lui sont liées n’y sont pas émises directement.  Elles ont lieu au niveau d’une centrale électrique qui ne vous appartient souvent pas.

Le Scope 3 reprend tout le reste des émissions.  Il s’agit encore ici d’émissions indirectes.  Elles ne sont pas émises chez vous mais sans elles, votre entreprise n’aurait pu fonctionner.

Il s’agit typiquement des émissions dues à la production de vos matières premières, à l’utilisation des produits que vous mettez en vente (pensez par exemple aux constructeurs automobiles), à l’ensemble de la logistique amont et aval, aux déplacements de vos employés, de vos clients, à la production de déchets, à l’impact de vos investissements, ….

Chez Coherence, nous parcourons ensemble les 3 périmètres de votre bilan ainsi que les détails des différents postes d’émission dès nos premières discussions.  C’est en effet sur base de ces informations que je suis capable d’estimer de manière précise le temps qui sera nécessaire à l’élaboration de votre bilan et de vous remettre une offre de prix détaillée et définitive.

 

Comment sont estimées les émissions ?

 

Oui, on parle bien d’estimations.  Il n’existe pas aujourd’hui de moyen de mesurer les émissions de gaz à effet de serre (sauf dans certains cas exceptionnels).  Il s’agit donc de les calculer.

Le calcul se fait en multipliant deux paramètres : la donnée d’activité et le facteur d’émission.

Emissions  = Donnée d’activité * Facteur d’émission

Les données d’activité sont les paramètres de fonctionnement de votre organisation.  Il va s’agir entre autres des vos consommations de combustibles, des quantités de matières premières mises en œuvre, des quantités de déchets générés, de la consommation énergétique des produits que vous mettez en vente, …

Les facteurs d’émission correspondent à la quantité de gaz à effet de serre émise pour chaque unité de donnée d’activité.  Il peut s’agir entre autres des kg CO2/kWh d’électricité, des kg CO2/tonne béton, des kg CO2/km parcouru, etc…

L’estimation des émissions sera donc plus ou moins facile et plus ou moins précise en fonction de la disponibilité et de la précision de ces deux paramètres.

Concernant les données d’activité, certaines sont aisément disponibles (votre consommation d’électricité par exemple), d’autres le sont moins.  Certaines sont carrément inconnues (pensons par exemple aux distances parcourues par vos clients pour se rendre en vos points de vente).  On peut alors avoir recours à certaines hypothèses, à certaines données génériques.

De la même manière, concernant les facteurs d’émissions, certains sont bien connus et assez précis (par exemple les émissions liées à la combustion de gaz) mais d’autres sont plus génériques et peu précis.  Si de plus en plus de fabricants s’attachent à renseigner le poids carbone de leurs produits, cela reste encore l’exception dans certains secteurs.

En l’absence de données spécifiques, on a alors recours à des bases de données officielles ou reconnues.  Là également, la qualité et la précision des facteurs d’émission peut varier.

Coherence vous offre un support appuyé tout au long de votre processus de collecte de données.  Une étroite collaboration au cours de cette phase permet de poser les bonnes hypothèses et de faire des choix avisés en fonction de vos ressources et du temps disponible.

Ensemble, nous trouvons ainsi le meilleur compromis entre représentativité/précision du bilan et temps/caractère détaillé des données disponibles.

 

A quoi ressemblent les résultats d’un bilan carbone ?

 

Au minimum, les résultats de votre bilan d’émissions doivent vous être présentés sous le format requis par les standards et sans doute plus particulièrement en Belgique par la méthodologie GHG Protocol.

Il s’agit en effet du format adopté à l’échelle internationale.  Il permet le partage et la diffusion de vos résultats auprès de vos parties prenantes.

Ce format est également requis si vous décidez de vous engagez dans des démarches telles qu’un engagement auprès des Science-Based Targets ou si votre entreprise est soumise à la CSRD.

Très souvent néanmoins, ce format « méthodologique » reste assez peu lisible pour la majorité des personnes.  Il est donc très intéressant que votre bilan carbone vous soit également présenté sous une forme qui parle plus à vos équipes.

Un bon niveau de détail, au-delà des postes d’émission officiels, va également faciliter les réflexions ultérieures et l’identification d’actions de réduction.

Il est donc important de « faire parler » votre bilan carbone en permettant de comparer vos différents produits ou services, en y décelant des bonnes pratiques à généraliser, en classifiant vos émissions en fonction des départements les mieux placés pour les réduire ou en fonction d’autres paramètres propres à votre métier.

 

Quelles sont les limitations d’un bilan carbone ?

 

Si le bilan carbone apparaît comme un outil essentiel de gestion de l’entreprise, il est important de reconnaître qu’il présente certaines limitations qu’il est important de garder en tête pour en tirer les meilleures réflexions.

 

Le bilan carbone n’évalue l’impact de votre organisation que sur un seul aspect environnemental : les émissions de gaz à serre et leur impact sur le climat.

Si le changement climatique est une menace des plus sérieuses qui pèse sur nos sociétés, elle n’est pas la seule.  Erosion de la biodiversité, pollutions, surexploitation de ressources, surutilisation de l’eau sont autant d’enjeux qui peuvent être en lien avec votre organisation.

Ces enjeux ne sont pas (directement) abordés dans un bilan carbone.

Cela ne diminue certainement pas l’intérêt d’un bilan carbone.  Le problème des émissions de CO2 étant à tel point systémique qu’aborder la durabilité d’une organisation sous ce prisme reste un exercice très pertinent.

Il s’agit toutefois de ne pas s’enfermer dans un « tunnel carbone ».  La stratégie climat d’une entreprise et les plans d’actions de réduction doivent s’établir en tenant compte des autres limites planétaires.

 

Un bilan carbone est entaché d’incertitudes

 

En effet, les calculs d’émissions ne peuvent pas être parfaitement précis, ils sont entachés d’incertitudes venant de l’imprécision des facteurs d’émission et de certaines données d’activité.

Cela peut rester une frustration.

Un bilan carbone donne donc un ordre de grandeur des émissions d’une entreprise plus qu’une estimation précise.

Sachez que ces ordres de grandeur sont déjà suffisants pour élaborer de bons plans d’action et qu’un bilan carbone se perfectionne au fur et à mesure des années à travers l’amélioration du processus de collecte de données.

La comptabilité carbone est une discipline encore jeune et en constante amélioration.

 

Il reste donc certaines zones grises dans l’application des méthodologies.  Celles-ci tendront bien-sûr à disparaître au fur et à mesure de l’utilisation croissante des bilans carbone de la mise à jour des standards.

Au moment où j’écris ces lignes, une nouvelle version du Bilan Carbone ® présentant une évolution notable par rapport aux versions précédentes vient d’être publiée.

Le GHG Protocol annonce une révision de ces standards en 2025.

 

Il est difficile de comparer les bilans carbone d’entreprises différentes

 

Parce que les périmètres peuvent être différents, parce que différentes hypothèses peuvent être posées, parce que les calculs peuvent être réalisés avec différents niveaux de précision, il est difficile et non recommandé de comparer les bilans carbone d’entreprises différentes.   Difficile donc de se situer dans une espèce de benchmark.

L’évolution des méthodologies pourrait apporter des améliorations à cette frustration fréquente.

Aujourd’hui néanmoins, votre bilan carbone ne peut être comparé qu’à votre propre bilan carbone… des années précédentes.  Il faut le voir comme un outil d’amélioration continue.

 

Et enfin…  Un bilan carbone questionne les modalités de votre activité mais ne pose pas la question des finalités

 

En d’autres termes, le bilan carbone ne fait pas apparaitre la question, pourtant imminemment importante du sens même de votre activité, de la mission même de votre entreprise.

Il doit donc nécessairement être complété (ou même peut-être précédé) de réflexions stratégiques approfondies.

« Compte tenu de l’urgence climatique et du besoin impérieux de conserver une planète habitable, est-ce que les produits et services qui sont les miens aujourd’hui font encore sens pour mes clients et pour la société en général ? »

« Comment aider mes clients (et mes autres parties prenantes : employés, investisseurs, …) à faire advenir un monde neutre en carbone et à réduire leurs émissions ?»

Quelques questions bien posées peuvent parfois être, en matière de durabilité, aussi essentielles qu’un bilan carbone…

 

Vous trouverez ici approfondissements techniques, études de cas, inspirations…

CSRD – Au-delà des obligations, un cadre pour se poser les bonnes questions

Si se conformer à la CSRD constitue un exercice conséquent, il serait dommageable de considérer la CSRD comme une unique contrainte de reporting.  La directive offre en effet un cadre permettant de mettre en avant des questions cruciales pour l’avenir de votre entreprise dans un monde en pleine mutation.

Voyons ensemble comment tirer parti de la CSRD afin de préparer au mieux l’avenir de votre entreprise, que vous soyez formellement soumis à cette directive ou pas.

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